Ayant pignon sur rue au cœur de la ville de Granby, la boulangerie Pain Pain fait le bonheur des habitants depuis maintenant dix-sept ans. Ses propriétaires, Pascale Lacasse et Pascal Breton, forment une équipe tant à la boulangerie que dans la vie et au fil du temps, les enfants sont venus grossir les rangs de cette entreprise artisanale et familiale. Je suis allée à la rencontre de Pascale afin d’en savoir un peu plus sur cette entreprise locale et, évidemment, pour manger des croissants!
Pascale, pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir une boulangerie?
Parce qu’on y travaille un produit de la terre, un produit invitant qui rapproche les gens et qui se partage facilement. Notre but est de conserver un produit simple. Mon mari et moi avons tous les deux grandi sur une terre et c’était important de demeurer dans un environnement sain et naturel. Alors que nous sommes installées sur la terrasse pour réaliser l’entrevue, un passant nous interrompt pour demander à Pascale le nom de la plante qui orne la plate-bande. J’apprends que cette belle plante de couleur bleu/lilas est en fait de la sauge de Russie.
Nous sommes assises depuis deux minutes à peine, et déjà vous vous faites apostropher par des passants. Est-ce l’esprit de la boulangerie qui cause ce phénomène, selon vous?
C’est certain! Les odeurs qui émanent d’une boulangerie sont tellement réconfortantes et la fébrilité de l’aurore provoque un sentiment de proximité. Lorsque j’arrive, il y a des gens qui m’attendent à la porte, dès 5 h 30. Ils me disent qu’ils pouvaient nous sentir du coin de la rue et je trouve ça beau. Les gens sont heureux d’entrer dans une boulangerie, ils viennent chercher du bonheur. C’est un commerce qui inspire la confiance, au point où plusieurs clientes laissent leurs sacs à main sur le comptoir et partent choisir leurs produits, elles font ça naturellement, de façon spontanée.
On mange quoi à la boulangerie Pain Pain?
L’artisan-boulanger, c’est mon chum, et il est très créatif, alors en plus des classiques, nous avons une belle gamme de produits originaux : des pains au fromage, à la citrouille, à l’érable et aux noix, des viennoiseries aux fruits du moment, etc. Je vais vous préparer un plateau de dégustation un peu plus tard afin que vous puissiez y goûter. J’en salive d’avance !
Sans jeu de mots, est-ce que vous mettez aussi la main à la pâte?
C’est Pascal qui fait la grosse besogne. Moi, je viens aider à la finition des croissants aux amandes et des tartes aux fruits par exemple, mais lorsque je suis dans sa cuisine, je suis sous ses ordres! C’est une blague, nous sommes une équipe, on coopère et on élabore ensemble des menus invitants, et surtout, on tente de concevoir des produits qu’on aimerait manger.
Est-ce que c’est votre mot d’ordre, offrir à vos clients des produits que vous aimeriez vous-même manger?
Absolument! Même lorsque je forme un employé, j’enseigne cette philosophie : vous servez ce que vous aimeriez manger et recevoir. Quand les clients choisissent eux-mêmes leur produit, je suis encore plus contente, car c’est le même prix, c’est la même baguette fraîche du jour, alors je suis heureuse de leur offrir le produit qui a attiré leur œil et qui leur fait plaisir.
Souhaitant travailler un produit de la terre, vous vous procurez sans doute vos matières premières localement?
Oui, le plus possible! Nous utilisons le jambon sans nitrite de Les Cochonailles depuis le début de nos activités, je crois que nous avons lancé nos entreprises à peu près en même temps. Pour le chocolat des chocolatines, nous optons pour la qualité, Cacao Barry, bien sûr! Pour notre produit de base, nous nous le procurons à la meunerie La Milanaise et au petit moulin Lacoste, car nous y trouvons une farine intégrale, complète, moulue sur pierre et biologique, c’est la matière première la plus brute qu’on puisse trouver. Le pain à la base, c’est quatre ingrédients : de la farine, de l’eau, du sel et un levain, et nous respectons cette façon de faire. Nous avons le même levain depuis dix-sept ans, mon mari le nourrit et l’entretient pour conserver l’original. Le levain-chef est propre au boulanger, c’est sa touche personnelle en plus de sa façon de travailler la pâte.
À ce propos, est-ce que Pascal travaille la pâte manuellement?
Totalement! Mis à part l’utilisation d’un pétrin pour mélanger la pâte, rien n’est fait à la machine, tout est façonné par les mains de Pascal. Le croissant que vous venez chercher le samedi matin a été coupé et roulé individuellement. Nous utilisons un peu plus d’une tonne de farine par semaine et tout cela est travaillé à la main. Après m’être régalée de la sublime chocolatine à la frangipane de Pascal, une de ses créations, je suis repartie avec un sac rempli de pains et de viennoiseries. L’odeur de ces beaux produits n’a pas mis longtemps à me faire craquer et c’est en grignotant un croissant et un morceau de pain aux noisettes que je suis rentrée en ville, réconfortée et repue.